La Banque centrale européenne (BCE) est une banque centrale spéciale, voire unique. C'est une banque centrale sans trésor à ses côtés ni État derrière elle, tout comme l'euro, la monnaie commune de l'Europe que la BCE est chargée de protéger, est une monnaie "dénationalisée". La zone euro est une rare exception à la règle mondiale "un État, une monnaie". Mais la BCE n'est pas la seule banque centrale de la zone euro. La BCE est plutôt conçue comme le siège (ou peut-être le "cockpit") de l'Eurosystème, le système des banques centrales européennes qui comprend également les banques centrales nationales (BCN) des pays membres de l'Union européenne (UE) qui ont adopté l'euro comme monnaie commune.
L'euro n'a pas tenu ses promesses. Alors que les résultats de la zone euro ont été médiocres au cours de la première décennie, la crise financière mondiale de 2007-2009 a rendu la situation vraiment lamentable. Contrairement au reste du monde, qui a commencé à se remettre de la crise en 2010, la zone euro a connu une récession à double creux. Ce n'est que depuis 2013 que l'union monétaire a connu une reprise fragile, inégale et incomplète.
Cette étude évalue les politiques monétaires non conventionnelles de la BCE et son rôle de gestionnaire de la crise de l'euro sous la présidence de Mario Draghi, en explorant les options disponibles pour ajouter de nouvelles mesures de relance de la politique monétaire à l'avenir.
En tant que gardienne de l'euro, la BCE a été une force centrale tout au long de la crise et de ses conséquences. De nombreux observateurs estiment que, parmi les autorités de la zone euro, la BCE est la plus constructive. La célèbre déclaration du président de la BCE, Mario Draghi, "whatever it takes" ("quoi qu'il en coûte"), en juillet 2012, a mis fin à l'escalade de la crise et a marqué un tournant décisif. Alors que la croissance inégale de la zone euro s'est nettement ralentie en 2018-2019 et que la reprise semblait de plus en plus menacée, tous les regards se sont tournés à nouveau vers la BCE pour qu'elle propose un nouveau plan d'attaque "coûte que coûte" afin de rétablir la dynamique positive et de maintenir la reprise en vie. La BCE a dûment mis en place un nouveau programme de relance monétaire à l'automne 2019, suscitant de nouvelles controverses, notamment en Allemagne.
Mais combien de munitions reste-t-il vraiment à la BCE ? Seront-elles suffisantes pour rétablir une croissance durable et sauver définitivement l'euro ?