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La Fédération nationale de la mutualité française (FNMF), l'organe représentatif de la majorité des mutuelles de santé en France, a annoncé son intention de supprimer au moins 62 emplois d'ici juillet 2023, soit un peu plus d'un quart des effectifs. Le plan de licenciement a été dénoncé par l'instance représentative du personnel de la FNMF, le comité social et économique (CSE), qui a critiqué le caractère "brutal" des mesures et la manière dont elles ont été menées, qui "ne correspond pas aux valeurs du mouvement mutualiste".

En collaboration avec les organisations syndicales françaises, la CFDT, la CFE-CGC et Solidaires Sud Mutualité, le CSE a particulièrement ciblé ses attaques contre Eric Chenut, président de la FNMF. Selon la CSC, en décembre 2022, le conseil d'administration s'est mis d'accord sur un calendrier de quatre ans, plutôt que quatre mois, pour une réduction progressive des emplois et un retour à une situation financière plus équilibrée. La CSC accuse Chenut de poursuivre maintenant ce calendrier beaucoup plus contractuel en raison, selon ses propres termes, "de ses propres convictions", et donc d'être "moins préoccupé par les conditions de travail et de santé des travailleurs qu'il ne l'affirme publiquement". 59% des employés qui seront potentiellement licenciés ont plus de 50 ans.

Le système français de la mutuelle est une assurance maladie complémentaire, ou "top-up", à la subvention de base de l'État pour les soins de santé. Les travailleurs salariés sont censés souscrire une police d'assurance mutuelle, et les employeurs couvrent au moins 50% du coût. Cependant, selon les chiffres rapportés par la DREES, le service statistique officiel du ministère des Solidarités et de la Santé, "la part de marché des mutuelles a progressivement diminué au cours des dernières années [...] tout comme le nombre de mutuelles adhérentes à la fédération. Les cotisations versées par les mutuelles ont également diminué ces dernières années". Cette situation, selon la FNMF, a entraîné une réduction de ses ressources financières.

Un porte-parole de la FNMF a déclaré : 'Cette transformation de l'entreprise vise à une simplification de l'organisation et s'accompagne d'un plan de sauvegarde de l'emploi. Tout sera mis en œuvre pour accompagner les salariés et faire en sorte que cette transformation se déroule dans les meilleures conditions possibles". Cependant, la CSC et les délégués syndicaux de la FNMF ont demandé à la direction d'abandonner le plan actuel au profit d'un autre plus respectueux des principes de l'économie sociale et solidaire épousés par le mouvement mutualiste. Ils affirment également que ce plan s'inscrit dans le cadre de "graves problèmes de santé au travail [qui] empoisonnent notre quotidien depuis de nombreuses années", notamment la dépression, des méthodes de management néfastes et une charge de travail trop importante due à la réduction continue des effectifs.