
L'idée selon laquelle le Covid affecterait toute la société de manière égale a été démentie par le fossé profond en termes d'inégalités que cette crise a aggravé. L'injustice que constitue le partage inéquitable des bénéfices entre ceux qui ont tiré un profit économique de la pandémie et leurs employés a, par exemple, contraint les syndicats belges à se mettre en grève dans le cadre d'un confinement annoncé récemment. Alors que le dialogue social se déroule habituellement sans trop de difficultés, il a cette fois été interrompu par les partenaires sociaux, parce que les employeurs ont refusé d'augmenter les salaires de plus de 0,4 %. Cette situation a des retombées considérables pour le gouvernement belge qui réunit des partis de gauche et de droite et nous rappelle le clivage politique qui pourrait se manifester dans de nombreux États membres après la fin de la pandémie, car la non-reconnaissance du rôle des travailleurs essentiels ne concerne pas uniquement la Belgique.
Mais si la crise du Covid nous impose de relever ce défi traditionnel, le moment semble également venu de réfléchir au monde post-Covid et à l'avenir du travail. Selon un récent rapport du McKinsey Global Institute sur l'économie de l'après-pandémie, dans les pays développés, plus de 70 % de la main-d'œuvre sera touchée par les tendances favorisées par le Covid, comme le télétravail, le commerce électronique, la numérisation et l'automatisation. Les transitions attendues sur le marché du travail seront encore plus importantes, et l'évolution de la demande de main-d'œuvre dans les différentes professions touchera les personnes les plus vulnérables. Ces tendances auront un impact différent selon les lieux de travail, les pays et les villes. Pour éviter un monde à deux vitesses, les décideurs politiques et les multinationales doivent redoubler de créativité, comme ils l'ont fait l'année dernière. Nous ne reviendrons pas aux anciennes habitudes une fois que tout le monde aura été vacciné. Nous devons nous préparer au monde du travail de l'après-Covid avec de meilleures infrastructures numériques, une requalification plus rapide des travailleurs, et de nouveaux avantages et mécanismes de soutien aux travailleurs qui tiennent aussi compte des limites de la planète.
L'ETUI entend anticiper et influencer les futurs débats sur la société de l'après-pandémie, tout en présentant des scénarios et des propositions de réforme alternatifs et crédibles. Dans notre nouveau programme de travail, nous avons inclus un projet sur les effets de la pandémie sur la pratique du télétravail à la fois pendant et au-delà de la période définie par l'urgence sanitaire actuelle et les règles de distanciation sociale. Nous examinerons également le rôle de la voix et de la participation des travailleurs au dialogue social et au processus décisionnel dans le cadre des opérations de restructuration. Un autre nouveau projet porte sur la "surveillance au travail", en tenant compte des nouvelles formes de télétravail apparues pendant la pandémie. Une étape importante sera la publication conjointe " Reconstruire après la pandémie - Propositions pour l'avenir : scénarios alternatifs". Ce ne sont là que quelques-unes des nombreuses recherches innovantes que l'ETUI mettra en œuvre dans le cadre du programme de travail de l'année qui s'ouvre, à partir du 1er avril.
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