
Le vendredi 25 Novembre, le collectif « Make Amazon Pay » a appelé les salariés du géant l’e-commerce à des actions de mobilisation et de grève à travers le monde. Un jour qui n’a pas été choisi au hasard car il s’agit du Black Friday – un grand jour de soldes et l’un des pics de ventre de la multinationale.
La coalition « Make Amazon Pay » regroupe plus de 80 syndicats, organisations de la société civile, écologistes et organismes de surveillance fiscale, dont UNI Global Union, Greenpeace, Tax Justice Network et Amazon Workers International. Le collectif exige qu’Amazon paie équitablement ses travailleurs et sa juste part des impôts, s’engage en faveur d’une réelle durabilité environnementale, et respecte le droit des travailleurs de se syndiquer. Comme le rappelle une note de recherche publiée par l'IRIS en 2015, la présence syndicale améliore les conditions de travail de toutes les catégories d'employés.
Concernant les conditions de travail, les revendications portaient en priorité sur les longues heures de travail, les bas salaires, le système d’évaluation des performances et la précarité de l’emploi. En effet, les entrepôts d’Amazon ont très mauvaise réputation en matière santé et sécurité au travail – avec un taux d’accidents du travail avec blessure deux fois plus élevé que chez les autres entreprises du même genre. Une autre enquête menée par Syndex montre que 74 % des employés ressentent des douleurs physiques liées au travail, et 70 % évoquent du stress au travail.
Les actions étaient prévues dans plus d'une trentaine de pays, notamment en Allemagne, en France et aux Etats-Unis. En France et en Allemagne, dix-huit centres logistiques devaient être touchés par le mouvement de grève. Si neuf des vingt centres allemand ont effectivement été impactés, un porte-parole d'Amazon a fait savoir qu'aucun signe de perturbation n’a été constaté en France. Des responsables syndicaux ont indiqué que le défaut de participation était principalement lié à l'augmentation du coût de la vie poussant les employés à faire des heures supplémentaires. « Ce qui est important pour nous, c'est la portée mondiale de la mobilisation », se réjouit Alain Jault, délégué syndicat CGT chez Amazon France Logistique.
C'est la première fois qu'Amazon est confronté à une mobilisation internationale. « C’est très important, parce qu’on ne peut pas s’opposer à une grande multinationale comme Amazon seulement à l’échelle locale, régionale ou nationale », a déclaré Monika Di Silvestre, représentante du syndicat Verdi chez Amazon. « Nous syndicats, au niveau mondial, allons nous organiser pour essayer de faire avancer les droits des travailleurs », assure Alain Jault.
La secrétaire générale d’UNI Global Union Christy Hoffman a déclaré : « Aujourd’hui, les syndicats, la société civile et les élus progressistes seront côte à côte lors d’une journée d’action mondiale massive pour dénoncer les campagnes méprisables d’Amazon, qui ont coûté plusieurs millions de dollars, pour tuer les efforts des syndicats dirigés par les travailleurs ». En effet, en 2020, plus de deux douzaines de rapports internes ayant fait l'objet de fuites ont révélé la surveillance obsessionnelle qu'Amazon exerce sur les syndicats et les mouvements sociaux et environnementaux. Un an plus tard, le géant américain s’est fait épinglé pour ses publicités antisyndicales diffusée sur la plateforme de streaming Twitch – propriété d’Amazon. « Il est temps pour le géant de la technologie de cesser immédiatement ses pratiques affreuses et dangereuses, de respecter la loi et de négocier avec les travailleurs qui veulent améliorer leurs emplois », ajoute Christy Hoffman.
Selon le coordinateur de la campagne Daniel Kopp, « Amazon presse jusqu’à la dernière goutte qu’il peut les travailleurs, les communautés et la planète ». De son côté, Amazon considère proposer « d’excellents salaires, des avantages et des perspectives de développement, le tout dans un environnement de travail attractif et sécurisé ».